Archives mensuelles : novembre 2018

Un « parler » local

Notre Bocage Gâtinais avait lui aussi sa langue « régionale » Bien sûr, ce n’était pas vraiment une langue , ni un dialecte, peut-être un patois, mais ce mot est péjoratif pour ce qui me semble être plutôt une évolution régionale du « vieux français ».

Les limites géographiques en sont très vagues, mais ce parler concernait plutôt le Sud Seine et Marne, le Nord de l’Yonne et du Loiret(tout le Gâtinais et le nord de l’Orléanais). Au nord de la seine on trouvais un langage briard.

Quelques particularités de prononciation :

– Le <e> devient muet en milieu ou fin de mot (m’lon pour melon), il peut aussi se prononcer <a> (la voiture al a varsé pour la voiture a versé)

– Le son <k> se prononce parfois <tch> : une castchette, une tchulotte.

– Le <r> se roule (toutefois moins qu’en bourguignon) au début ou au milieu d’un mot, mais il peut aussi disparaître: l’pée

– Le <oi> devient <oué> et <oire> devient <ouère>: il a aj’té ses nouées à la fouère

– Les verbes se conjuguent : j’on, j’avions, j’avins, j’arais, …

Voila ce que pouvait donner une prévision météorologique

L’ciel i s’abernaudit su Levlé, i va en tomber une r’nâpée. il faurai rentrer les guénettes.(1)

Simple à comprendre, non?

Vous allez dire, c’est exagéré, ou très ancien! Et bien pas tant que cela; ce language était encore très usité au début du 20ème siècle et l’usage de certains mots est encore courant.

 (1) Le ciel s’obscurcit sur Levelay ; il va tomber une bonne averse. Il faudrait rentrer les brebis.

La Sécheresse dans notre histoire

A chaque saison très sèche , on se demande si l’on pourra nourrir les animaux l’automne suivant.

Ce souci de la nourriture des animaux dans les campagnes a toujours été une préoccupation importante pour les hommes , comme le montrent ces deux anecdotes tirées des registres de la Prévôté.

Le 17 Octobre 1681 , la femme et les enfants de Pierre Juliot « ont arraché environs trois boisseaux de glands dans le bois de la Charmoie ». Ils ont été par Loïs Barbi , garde dudit-bois et l’affaire portée devant Mathurin Guibourget , procureur , qui demande condamnation.

Presqu’au même endroit et presqu’un siècle plus tard , le 28 Octobre 1779 , « deux filles dont l’une est servante , domestique d’Antoine Guichard et l’autre fille de Jean Desmeurs , dit Venture , faisaient paitre trois vaches et un porc dans le bois taillis de la métairie située sur la seigneurie de Saint Ange » . Elles furent interpelées par le garde de Villemarechal qui établit un rapport au signeur d’Argenteuil parce que le taillis n’avait que deux ans . Suite à ce délit , les intéressées furent condamnées à payer 14 sols.

La Borde

Une borde est une petite construction, une petite ferme et, par extension, une maison isolée. Ce mot viendrait du provençal « borda », hutte. On trouve aussi Les Bordes, Les Bordettes, Les Bourdelles, Les Bordeaux. Il existe de nombreux hameaux portant ce nom, surtout dans le sud-ouest de la France, et également tout près de chez nous, à Egreville.

Ce hameau, un des plus isolés de notre commune, fut autrefois très peuplé. Il y avait même un notaire à La Borde. C’est à ce notaire, François Tranchon, « tabellion royal à La Borde de Villemaréchal», que le marquis d’Argenteuil, seigneur de Villemaréchal, s’adresse le 20 février 1777 afin d’acquérir « 15 perches de bois, taillis et futaies sur la montagne de La Fontaine ».

Plus tard, et jusqu’à la guerre de 1914, il y avait à La Borde une tuilerie dirigée par Henri Thion. Dans sa monographie de 1889 sur la commune, Monsieur Chêne, l’instituteur, cite « une industrie mue depuis quelques mois par une machine à vapeur et dont les produits sont renommés ».

Puis un élevage de poulets vint s’installer sur les lieux mêmes de la tuilerie.

Aujourd’hui, La Borde est un agréable hameau de notre commune comptant environ une vingtaine d’habitants.

Étymologie de Villemaréchal

Nous disposons de 3 hypothèses.

1 – Du nom d’homme germanique Mascarius.

Mascarus génitif de la déclinaison féminine francque et du latin villa : Domaine de Mascarius.

2 – Il existe également un nom d’homme gallo-romain Cardenius associé au latin Mansus.

3 – Le bas latin Machalun (grange ou grenier sans toit) est moins sur.

La première hypothèse semble la plus plausible

Mention relevée : Villa Marchesium – 1350

Villa Mareschal – 1570

Selon la société d’émulation de Montargis ASHAG – n° XIII.

Charte de Neronville n°23 donation du moulin Passart par Firmin Le Roux et Barthelemy.

A coté des noms d’Hugues de Montliart et Foulques, Vicomte de Chateau Landon, on trouve Garin de Poligny, Foulques de Bouchereau et surtout Odo Mascharad qui donna la terre de Sceaux du Gatinais.

Donc Eudes de Mascharad, 1er seigneur de Villa Mascharad serait le seigneur de Villa Mascharad du diplome de Philippe Auguste daté de 1198 homologuant le partage des biens du grand Chambellan Gautier de Nemours.

En 1235, Philippe, seigneur de Nemours fait don de blé et d’orge aux chanoines desservant la chapelle de Villa Marchaz (Rien à voir avec la chapelle de Saint Wulfran).

En mars 1235, Josselin, seigneur de Ville Marchais, donne au Prieuré de Passy deux arpents de vigne qui lui étaient venus de Garnier de Provins, bourgeois de Lorrez le Bocage.

Pierre de Villebeon, Chambellan de Saint Louis, se dit Pierre de Villemarechal

Rue du Poirier de Sauge

La rue du Poirier de Sauge , vous savez où elle est. Mais savez-vous ce qu’est un poirier de sauge?

Le poirier à feuilles de sauge est ainsi nommé à cause de ses feuilles velues en dessous. On l’appelle aussi poirier sauger (Pirus Nivalis).

Cet arbre qui a aujourd’hui pratiquement disparu de notre région était autrefois très répandu. On le trouvai dans toute la région Centre , du Limousin à la Bourgogne.

On trouve des rues du Poirier de Sauge dans d’autres villages : Montigny-sur-Loing , Changis et même à Hanche dans l’Eure.

On note sa présence dans les haies , en bordure des chemins ou en bout de champ , ce qui rappelle nos poiriers d’hiver.

Les fruits sont très fermes , astringents , granuleux , mais contiennent cependant beaucoup de jus. Pratiquement immangeables, on les consommait seulement après les gelées ou blettissement.

Egalement très parfumés, ils étaient réputés pour la fabrication du « Poiré ». Dans notre région du Gatinais , le cidre n’était pas toujours « pur jus » de pomme et les poires de sauge pouvaient entrer dans sa composition, lui donnant à la fois son parfum et l’acidité nécessaire pour la conservation.

La présence de tels poiriers dans cette rue n’est certainement pas étrangère au nom qui lui a été donné , mais beaucoup plus poétique que la « Ruelle » nom que les Villemarchais lui donnaient auparavant.

Mine de fer à Villemaréchal

Etonnant non ?

Et pourtant, dès la fin de l’époque gallo-romaine, le fer fut exploité dans notre région. Bien sûr, il ne s’agissait pas de quantités très importantes, mais à l’époque et jusqu’au 18ème siècle, le fer avait une autre valeur du fait de la difficulté de son exploitation.

Mine de Fer à Villemaréchal

Le minerai était ramassé en surface ou dans des cavités peu profondes et était ensuite « grillé » sur place pour être débarrassé de ses plus grosses impuretés.

Ce sont ces emplacements que nous retrouvons à plusieurs endroits sur le territoire de la commune.

Ce minerai était ensuite transporté sur un site près de Boisroux où l’on pouvait voir des restes de « bas foyers » ou de « bas-fourneaux » qui servaient à l’extraction d’une « matte » (petit lingot de fer de quelques kilos) en alternant, dans ce four, minerai et charbon de bois. La « matte » retirée et forgée deviendra outil ou arme. Lors de la chauffe, le fer est séparé des impuretés, la gangue, donnant naissance à des déchets ou scories qui ont été évacués et ont formé une butte.

On retrouve des emplacements semblables à Saint-Ange-le-Vieil, Dormelles, Thoury-Ferrotes (le nom est évocateur).

Certains de ces sites ont été de nouveau exploités pendant la guerre de 1914-1918, lorsque la France manquait de fer. En effet, les techniques ayant évolué, il devenait « rentable » de réutiliser ces scories. Une petite ligne de wagonnets reliait le site même à la route d’où les résidus étaient emmenés au canal par tombereaux.

Certains s’en souviennent.