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Un « parler » local

Notre Bocage Gâtinais avait lui aussi sa langue « régionale » Bien sûr, ce n’était pas vraiment une langue , ni un dialecte, peut-être un patois, mais ce mot est péjoratif pour ce qui me semble être plutôt une évolution régionale du « vieux français ».

Les limites géographiques en sont très vagues, mais ce parler concernait plutôt le Sud Seine et Marne, le Nord de l’Yonne et du Loiret(tout le Gâtinais et le nord de l’Orléanais). Au nord de la seine on trouvais un langage briard.

Quelques particularités de prononciation :

– Le <e> devient muet en milieu ou fin de mot (m’lon pour melon), il peut aussi se prononcer <a> (la voiture al a varsé pour la voiture a versé)

– Le son <k> se prononce parfois <tch> : une castchette, une tchulotte.

– Le <r> se roule (toutefois moins qu’en bourguignon) au début ou au milieu d’un mot, mais il peut aussi disparaître: l’pée

– Le <oi> devient <oué> et <oire> devient <ouère>: il a aj’té ses nouées à la fouère

– Les verbes se conjuguent : j’on, j’avions, j’avins, j’arais, …

Voila ce que pouvait donner une prévision météorologique

L’ciel i s’abernaudit su Levlé, i va en tomber une r’nâpée. il faurai rentrer les guénettes.(1)

Simple à comprendre, non?

Vous allez dire, c’est exagéré, ou très ancien! Et bien pas tant que cela; ce language était encore très usité au début du 20ème siècle et l’usage de certains mots est encore courant.

 (1) Le ciel s’obscurcit sur Levelay ; il va tomber une bonne averse. Il faudrait rentrer les brebis.

La Sécheresse dans notre histoire

A chaque saison très sèche , on se demande si l’on pourra nourrir les animaux l’automne suivant.

Ce souci de la nourriture des animaux dans les campagnes a toujours été une préoccupation importante pour les hommes , comme le montrent ces deux anecdotes tirées des registres de la Prévôté.

Le 17 Octobre 1681 , la femme et les enfants de Pierre Juliot « ont arraché environs trois boisseaux de glands dans le bois de la Charmoie ». Ils ont été par Loïs Barbi , garde dudit-bois et l’affaire portée devant Mathurin Guibourget , procureur , qui demande condamnation.

Presqu’au même endroit et presqu’un siècle plus tard , le 28 Octobre 1779 , « deux filles dont l’une est servante , domestique d’Antoine Guichard et l’autre fille de Jean Desmeurs , dit Venture , faisaient paitre trois vaches et un porc dans le bois taillis de la métairie située sur la seigneurie de Saint Ange » . Elles furent interpelées par le garde de Villemarechal qui établit un rapport au signeur d’Argenteuil parce que le taillis n’avait que deux ans . Suite à ce délit , les intéressées furent condamnées à payer 14 sols.